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9 octobre 2014 4 09 /10 /octobre /2014 16:26
Cauthémoch Cardenas à la UNAM en août 2013. Photo pluieMex
Cauthémoch Cardenas à la UNAM en août 2013. Photo pluieMex

Le fondateur du PRD, petit fils du Président Lazaro Cardenas, lui-même plusieurs fois candidat malheureux à la présidence et militant actif contre l’ouverture de PEMEX aux entreprises internationales, s’était joint à la manifestation de la capitale mexicaine, hier, en compagnie de Javier Sicilia.

Malheureusement en raison du patronage du PRD au gouverneur de Guerrero, Angelo Aguirre, (qui a louvoyé du PRI au PRD pour se maintenir plusieurs mandats) et qui est accusé par les citoyens de plusieurs crimes collectifs dans son état, Cuautemoch Cardenas a été jugé indésirable à cette manifestation de rage et deuil populaire.

Après avoir reçu des papiers, eau, bouteilles, pierres dit-on (mais il n’y en a pas à ma connaissance sur la place centrale de Mexico) un de ses compagnons a été néanmoins blessé au visage, mais le leader lui-même ne montre pas de traces de blessure. Prié de quitter la manifestation et entraîné rue Bénito Juarez, cet homme de 80 ans a certainement été choqué, mais il a dû comprendre que le peuple mexicain en a ras le bol (Hasta la Madre) des politiciens de tout ordre.

Parce que ceux-ci n’ont pas empêché la disparition de 80 000 mexicains depuis 2006. Parce que la prétendue lutte contre les cartels sous le sexenat de Calderon a entraîné par le police des milliers de morts sans relation avec le crime organisé et que loin de reconnaître ces victimes innocentes, celles-ci étaient criminalisées par le pouvoir. Parce que sont restés impunis les responsables de crimes pour lesquels seulement 1% de familles ont porté plainte. Parce que les recherches ne sont pas faites par la police mais par des familles désespérées qui n’ont plus aucune confiance en la justice. Parce que les Caravanes de la douleur menées par Javier Sicilia et des parents de victimes ont abouti à une loi des Victimes qui n’est absolument pas appliquée. Parce que la mémoire du carnage étudiant du 2 Octobre 68 sur l’ordre d’un gouverneur (devenu impunément président du Mexique ensuite !) omniprésente dans la mémoire collective a été ravivée par la disparition des Etudiants de L’Ecole Normale d’Ayotzinapa à Iguala le 27 septembre dernier. La fuite du maire de la villed’Iguala, les dénégations de responsabilité du gouverneur Aguirre et l’attribution un peu rapide à un cartel local « Guerrero Unido » ne rassurent pas les familles ni les citoyens. D’autant que les témoignages de survivants parlent d’une première fusillade par la police et seulement de l’arrivée plus tard de voitures ordinaires et d’hommes masqués.

Pour toutes ces raisons, il semble bien que la société mexicaine se rallie à la lettre de Javier Sicilia après l’assassinat de son fils et de 3 amis en 2011 : « Les politiques qui ne résolvent pas les assassinats et ne protègent pas le peuple doivent démissionner ». Il s’agit d’un refus légitime du politique lié par ses pratiques, ses financements, ses fraudes, ses magouilles, aux criminels et donc criminel lui-même.

Si dans de nombreux états et communautés se sont d’abord créées des groupes d’auto défense c’est la plupart du temps devant l’incurie des gouvernements locaux. Les citoyens se lèvent, s’arment. Le gouvernement fédéral tente de les gérer en inventant des labels « milices rurales ». Mais en même temps il emprisonne les responsables de ces groupes d’auto-défense, comme le docteur Mireles.

Hier des manifestations ont recouvert la totalité de la République Fédérale de Tijuana à la frontière nord, à San Cristobal à la frontière Sud. D’autres à l’étranger. Samedi à Paris se retrouveront aussi les mexicains sur l’esplanade du Trocadero.

Toutes ces levées citoyennes poussées par le désespoir, au Mexique, sonnent peut-être la fin du politique et la mort des pseudo-démocraties. Certains évoquent un nouveau mouvement révolutionnaire.

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