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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 18:56

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La mince et très présente Alicia Laguna chargée de production pour la compagnie de théâtre Linea de Sombra me reçoit sur le parking de la Maison du Livre de Villeurbanne en France.

Le samedi suivant elle présentera au Zola le film émouvant et drôle Norteado, de Rigoberto Perezcano dont elle est l’actrice principale.

Sa tâche pour Villeurbanne a été lourde. En effet le spectacle Article 13 sur le brûlant sujet de la Migration n’avait pu voir le jour en raison de la suppression de l’Année du Mexique en France. « Les institutions ne voulaient rien savoir.  Pas un billet de voyage entre le Mexique et la France même pour discuter de la poursuite du projet. On ne pouvait même pas prononcer le mot France! »

-Peut-être ce délai supplémentaire, avec les évènements nouveaux sur le territoire mexicain vous a permis davantage de maturité?

Elle reconnaît. Depuis elle a été en lien avec le Père Solalinde, apôtre des Migrants qui a fini par s’exiler en Espagne parce que les habitants autour de son centre d’Ixtepec maqués avec les narcos et l’armée ne toléraient pas les Migrants et les menaçaient collectivement. Après avoir tenu longtemps Solalinde est venu porter témoignage à l’extérieur du pays. Préservant ainsi sa vie et celle de ses protégés.

« Sa grande tristesse dit elle est de ne pas avoir réussi à faire passer le message sur place, que les migrants sont nos égaux et nos frères. Nous avons convenus avec lui que l’art pouvait peut-être transmettre ce que la solidarité quotidienne, le message évangélique (vécu comme témoignage réel) n’avait pas réussi."

- A chacun son mode, rajoute modestement Alicia, qui en jouant dans Norteado a déjà pris part au problème.

Originaire de Monterrey "ville capitaliste qui phagocyte les artistes et met tout son argent dans son énorme musée d'art contemporain", elle s'est portée , comme Jorge Vargas, vers le DF, "Mexico ville des expériences culturelles multiples et chatoyantes." Comme s'il fallait se décentrer pour entrer dans le sujet.

Certes ici « le sujet est noir » me dira une jeune spectatrice métisse après le spectacle: « Il y a des migrations qui se passent bien! ».

Mais effectivement Article 13 rappelle la déclaration des Droits de l’Homme et les dégâts restes traces laissées par la Migration.

Finalement aidés par l’Institut Teatro Linea de Sombra et la Cie française Carabosse basée à Niort ont pu se rejoindre. Par un système de résidences.

5 comédiens, 5 techniciens, des vidéastes, musiciens, scénographes pour chaque côté. Christophe Prenveille dirige côté français. Jorge Vargas qui dirige lui la compagnie Mexicaine et le travail d'acteurs exige d'eux  polyvalence et inventivité. C’est pourquoi chaque espace matérialisé par des jerrycans en plastique blanc et de la craie, est animé totalement par un binôme mexicano français.Tous ont fabriqué leur matériel : Boite à film, écrans sur rouleau, petite maison illuminée, rêve d'un ailleurs mirifique...

Lors du spectacle la veille de notre entretien j’ai hélas noté un excès déclamatoire chez les comédiens français, là où les mexicains murmuraient presque ces effrayantes réalités. Certains spectateurs, se plaignant de ne pas entendre, accoutumés au pédantisme. « Les gens n’ont qu’à s’approcher!" me rétorque l’un des français. Il semble que le narcissisme de l’acteur hexagonal se révéle avec acuité dans la confrontation à une autre culture.

 

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Pour le murmure il crie sur la plupart des espaces, dans le crissement des passerelles pour clandestins. Dans celles où le spectateur doit pomper sur une petite poire pour faire franchir le mur à un autre. Ce qui n'est pas facile : car il n'est pas facile de migrer. Et le jeu du spectateur symboliquement peut le sensibiliser à ses frères humains.

A l'entrée du parking assis devant un jeu de contener en bois, écran d’images fortes, Jorge chanteur accordéoniste mélope. Sur le fronton d’un mur voisin sont projetées des données sur la migration, valeur économique des migrants, et texte de la Loi.

"Cet Article 13 dit Alicia était fondamental car universel".

  Maria Luna, autre comédienne creatrice anime l’espace ""ABC de la violence. Le processus de la violence. Tiré aussi d'une pièce complète. C'est l'aspect interactif de ce spectacle. Pour ceux qui connaissent le Mexique ABC est aussi cette crèche où sont morts brulés 49 petits enfants et dont les parents toujours mobilisés contre l’impunité judiciaire des responsables.

Sur un rouleau de charpie qui soigne on voit un petit film. Les Patronas, femmes qui cuisinent pour les migrants et leur lancent la nourriture sur la Bestia, train de marchandises du sud sur lequel ils se déplacent. Images presque irréelles, émouvantes d'humanité compassionnelle.

La violence contre les migrants commence par l’impunité de ceux qui les agressent. (cartels, délinquants isolés ou militaires).D' Ailleurs une danse lascive se termine en violence puis en envol dans une robe montgolfière de la femme tandis que l’homme penaud se retrouve seul : Question des féminicides, du manque, de la solitude.

Ailleurs Raul aux allures de râpeur tombe autant de fois qu'il a retrouvé de restes de ces passants du désert. Ces vêtements qui sont parfois les seules traces ramassés, repassés sur des tables à l'ancienne sur des braseros sont ensuite mis dans des sacs noirs en plastique. Numérotés. Présents sur toutes les scènes.

Comme les montagne de chaussures. Qui parlent aux spectateurs français d'Handicap International et aux mexicains de vidéos de comédiens célèbres dans leur pays, chaussant los zapatos del otro .Allant dans les pas de l'autre disparu ou assassiné. Perception symbolique différente?

"ce n'est pas grave dit Alicia car les mines, qui réduisent au handicap parlent aussi d'une violence sur le chemin;"

Carabosse étant une compagnie maniant le feu, un immense brasero rond comme un gaufrier géant s'élève dans le ciel d'été. L'espace scénique est délimité par un chemin lumineux, qui prend un peu la gorge, en raison des produits utilisés pour allumer rapidement les bougies. Carabosse devrait prévoir du bio!

En fait me dit Alicia, j'ai déjà réalisé une pièce en 2010 sur le même thème. AMARILLO. Ce spectacle en est en quelque sorte le...."

-Déploiement?

- C'est ça.

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Ce déploiement suivra désormais son cours. A Sotteville les Rouen, dans la semaine, puis Rennes, Niort, Châlon dans la Rue du 21 au 23 juillet. Puis les Mexicains retraverseront l'océan. Espérant que le spectacle trouve aussi des commanditaires au Mexique, et ailleurs.

On ne peut que souhaiter longue vie à cette entreprise d' abord pantagruellique. Ce "mémorial " à la dimension  d'une question humaine elle-même à l'échelle de la planète.

 

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commentaires

M
una invitación tambien a visitar el blog:<br /> elabcdelaviolencia.blogspot.com
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P
<br /> <br /> disculpe Maria Luna. ahora reparacion!<br /> <br /> <br /> <br />
M
A quien corresponda:<br /> me parece interesante el artículo, sin embargo es importante aclarar lo siguiente:<br /> "EL A B C de la Violencia"("L'alphabet de la violence")que se presenta dentro del proyecto Art. 13, es una creación y realización de María Luna, es asi mismo presentado por ella en el<br /> espacio-sección de la instalación. Esta pieza esta en proceso de creación y fue invitada a participar dentro de "Art. 13", en esta ocasión se estan presentando 8 letras: A,B,C,D,E,J Y L.<br /> Por otra parte la historia de "Las Patronas" también es presentada por María Luna
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