Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 11:31


Pillage de bois, assassinats, disparitions semaient la terreur sur ce plateau de l’état de Michoacan. En territoire P’urepecha. En avril 2011, voyant passer chaque jour entre 50 et 60 camionnettes pleines de bois coupé illégalement, les habitants de Cheran réagissent. Ils récupèrent 12m3 de bois et enferment un pilleur dans la maison communale.
Ils dressent des barricades, ferment l’entrée de leur cité et déclarent l’état de siège.
Ils tiennent donc près d’une année.
Mais ils vont plus loin : En Août ils demandent à l’Etat de Michohacan la constitution d’un gouvernement municipal élu selon les coutumes. L’Institut Électoral (IME) refuse. Qu’importe ils iront au niveau Fédéral.
Le 2 Novembre le Tribunal Electoral du Pouvoir Judiciaire Fédéral publie un arrêté leur accordant ce droit. Fondé sur celui des communautés indigènes.

Les 12 conseillers du Grand Conseil du Gouvernement Communal âgés de plus de 52 ans, sont élus jusqu’en 2015. Ils sont choisis sur cinq critères spécifiques:
-Parler la langue maternelle El K’eri Jahnaskatiecha
-Vivre les valeurs, croire en son peuple, organisation, cosmovision, Jakkajkukua
-Avoir servi et travaillé à sa communauté, être créatif. Anchekurhikua
-Etre honorable (avoir de l’autorité morale dans sa famille et communauté)          Kaxunbekua
-Etre en accord avec sa famille, sa communauté, son peuple, son environnement et faire appliquer les décisions de l’Assemblée municipale. P’urhekukua
Ils ont été élus sous la surveillance de 6 représentants de l’IME.
Les quatre quartiers de Cheran ont voté.
Les débats se font en Assemblée ouverte, base du gouvernement municipal.

Hier tout Cheran fêtait sa victoire relayée en direct sur twitter par Emergencia Nacional.
Une délégation du Mouvement pour la Paix qui a encouragé Cheran depuis le début, était reçue par la municipalité.
Le groupe parisien des Citoyens pour la Paix a aussi soutenu Chéran matériellement pendant la durée de son siège.
Un lien entre Cheran et les municipalités des Chiapas et Oaxaca auto-proclamées s’est établi autour de mêmes modes de réappropriation des valeurs, d’harmonie sociale et environnementales.

Si le travail de cette municipalité ne fait que commencer, sa vigilance ne peut se relâcher. Car les pilleurs de forêts ne pouvant plus atteindre Cheran s’en sont pris à des habitants des environs. 4 d’entre eux ont été enlevés le 28 janvier.
Les barricades sont donc prêtes à fonctionner de nouveau.
Faudra-t-il que tous les municipalités en viennent à ce type de gouvernement, né essentiellement de la défaillance estatale à protéger ses citoyens et leur environnement?
En attendant, dans sa détermination et son intelligence citoyenne, la victoire de  Cheran constitue un modèle d’avenir ancré solidement dans son histoire.
Cheran image d’une harmonie possible sur cette terre.



.mail.google.com

 Photo Emergencia Nacional sur twitter @Mxhastamadre

Partager cet article
Repost0

commentaires