Corne d’abondance
Aux mains des océans
Soubresaut d’or, de feu,
De fureur et de soufre
Au parfum de goyave
Et de mangue dorée
Garde tes mille grains
A couleur d’éloté
Et de tes cazuelas
À fond d’immensité
Le miracle des noces
Et la légèreté.
Dans l’aubade et la poudre
Et la fleur de papier.
A la chaude lueur
De tes jeux d’expliquer
Tes jeux de mots sans fin
Tes jeux de mains, de pieds
Et la musique au corps
Comme accord chevillé.
Du tropique à l’hiver
La palette étirée
Et la fleur du désert
Au goût de moindre ondée.
Terre de tant de teintes
A cuire ou modeler
Terre Mère divine
Encline à s’effondrer
Épiderme fragile
Au rythme de la peau
Qu’un seul tambour ne peut guérir
Mais des milliers.
De la tendresse rauque
À l’hirondelle rose
De l’aigle au chapulin
Ou monarque zélé
Les subtiles candeurs
De ta fibre amaté
Mille chemins savoir
Du plus humble vivant
Le baiser de la lune
au soleil épousé.
Ou cette pluie du soir
Lessive la journée.
Villes aux couleurs d’enfance
Et de mangue dorée
Au parfum de goyave
Et d’electricité
Aux relents de lagune
Et de vase séchée
Sans cesse à embellir
A croître, à espérer
A aller et venir
Sans cesse à nettoyer
Tant de vies, peu de vide
Et tant d’aménité
Où passe le silence
D’un sommeil endeuillé
Et le poids de ces jours
Après mais éveillés.
Inlassable inventive
D’enlaçables pensées
Comme poussée de selve
Aux rêves insensés
Insatiable rêveuse
Si vite rassasiée
Toujours à renchérir
Toujours à travailler
Et toujours à sourire
Et toujours amusée.
Ne montre pas tes veines
Aux vampires d’ailleurs
Ne donne pas ton sang
N’arrache pas ton cœur
Pour leur piètres valeurs.
Qui se soucie de toi
Que toi-même et les tiens?
Les tiens broyés souvent
À fuir ceux qu’ils aiment
Cherchant ailleurs l’écho
De leur monde exilé.
Corne d’abondance
Offrant au nord sa force
Éreintée, essorée, pressée
Et repoussée
Et pour si peu!
Chemin de transhumance
Aux rêves de ce sud
Qui sans soutien laissés
Te viennent s’échouer.
Ne laisse pas des loups
Se déchirer chez toi
Et saigner tes enfants
dans leur indifférence.
Ne laisse pas des fous
Brûler l’air de tes fils
Et faucher le glaïeul
De tes filles gracieuses
Ne laisse pas des sots
Décider de tes jours
Toi si pleine d’échos
De séculaires sages.
Toi seule sait d’où tu viens
Toi seule sait où aller.
Ne laisse pas l’horreur
Écraser ta mémoire
Pour combler la poignée
Que rien ne peut combler.
Nettoie le regard doux
De ta chère descendance
Et transmets lui cela
Qui fait ton unité.
Le désert sous la neige
Et la selve ondoyante
La ville fourmillante
Et le pan d’éloté.
Ton mosaïque cœur
Ne peut cesser de battre
Là est sa raison d’être
Et là sa destinée.
Au murs de ton histoire
Peins cette nouveauté
Au Mexique vivant
L’homme réconcilié
Le courage et l’ardeur
Fleurs de la dignité
A banni les sicaires
Et les armes et l’armée
A refusé la mort
Et ses âmes damnées.
A pansé ses blessures
D’une Justice juste.
A empêché les sots
De lui voler son bien.
Et dans la piñata
Les enfants enchantés
Au milieu des douceurs de la Nativité
Ont retrouvé que la Paix
Et la sérénité.
NDR. photo pliemexicaine
Accents sur le e de termes mexicains qui n'en portent pas, pour la sonorité!
PS: Ce texte se prête au slam et mise en musique