Un ministère des victimes, avancée du Mouvement pour la Paix

Bilan positif du Mouvement Pour la Paix. Mais quel travail pour faire admettre aux politiques l'idée d'urgence nationale, transformer leur manière de mener le pays et faire que les citoyens se protègent mutuellement, dans un tissu social restauré.

Lors d'un entretien avec Fabrizio Lorusso,écrivain et journaliste italien, pour Des Informemonos, Javier Sicilia dresse le bilan du Mouvement qu'il a conduit depuis l'assassinat de son fils le 28 mars dernier.

La réussite principale a été

de rendre visible les victimes

de faire prendre conscience de leur nombre et de la nécessité de les protéger.

La réponse a été La PROVICTIMAS,  ministère d'attention aux victimes et une Loi des victimes.

L'échec, de n'avoir pu convaincre Calderon de transformer la Loi sur la Sécurité Nationale en Loi orientée vers l'attention aux citoyens et la démilitarisation. "Sans cela la Provictimas risque de n'être qu'une accumulation de l'horreur."

Fabrizzio Lorusso lui demande ce qu'il en est de la Commission Vérité.

Elle serait indispensable pour les victimes. Car il faut savoir à qui appartiennent les victimes. Quelle part a la délinquance, l'Etat, les partis, les organes du gouvernement, justice, police, armée. Parce que le public croit le crime organisé seul responsable.

Il faut donc séparer les responsabilités. Seul un telle commission peut en venir à bout.

Le Hic Le véto du gouvernement dans ce domaine. Calderon dit que "ça ressemble à un régime de dictature militaire."

Cela remettrait-il en cause sa façon militaire de lutter contre le narcotrafic?

Oui. Mais dans un état aussi en miette que le nôtre ce serait nécessaire.Calderon ne l'entend pas. Pour lui c'est noir ou blanc. Les bons dans l'état, les mauvais dehors. Il ne se rend pas compte que c'est l'état de l'Etat qui rend nécessaire cette commission.

Le résultat des rencontres avec Calderon,du 23 juuin et y en aura-t-il d'autres?

Non car il n'entend pas. Sauf lorsque Clara Judisman a parlé de reconstituer le tissu social et la sécurité citoyenne, il a compris que c'était fondamental pour nous. Mais il ne va pas jusqu'à changer, et c'est une violence étatique de protéger les institutions et non les personnes.

Sur la fonction des autres invités à la réunion avec Calderon, Marti (SOS Mexico) MAria Clara Morera (Mx contre la délinquance) Isabel Miranda de Wallace(Halte au séquestre).

Leur place était bien là. Même s'ils sont d'accord avec le gouvernement que la solution passe par une meilleure police. Nous aussi en quelque sorte mais nous avons un autre point de vue : Il faut rompre la fracture entre l'Etat et les citoyens.

Incidence des élections 2012 sur les réponses obtenues par le Mouvement.

Je pense qu'il commence à y avoir un autre type de discours chez certains fonctionnaires. Qui entrevoit l'urgence nationale et la nécessité de réagir autrement. Mais cette influence est minime. Les partis sont tous aveugles à la problématique.

Aucun n'a proposé une stratégie en accord avec le Mouvement?

Non ils sont aveugles. Quelque soit celui qui gagne, sans cette notion d'urgence nationale, il va juste agraver la situation et gérer la catastrophe.

Il n'y a pas d'union de partis pour faire face. Pas d'agenda national commun.

Pourtant l'agenda des partis et la démocratie sont liés?

Oui car sans résolution de la violence la démocratie disparait. Un pays aussi balkanisé et avec un état aussi fracturé, sans propositions va simplement à la pire catastrophe.

Sur sa rencontre avec AMLO leader de MORENA et candidat aux présidentielles de 2006.

Favorables à des élections populaires.

Ils croient qu'avec l'avènement d'AMLO tout va s'arranger. C'est une logique d'omnipotence présidentielle à transformer et unifier le pays.

Ce n'est pas comme ça que ça se passe. Et il est trop tard pour changer la fonnction présidentielle. Les gouverneurs des états vivent quasiment comme des vice-rois. Ils ne contrôlent pas leurs partis. Ne vivent pas la question. Pensent qu'un changement politique et social résoudra tout.

Ils ne voient pas que le problème est beaucoup plus vaste. Il s'agit d'un aveuglement historique.

Comment aborder cette question de l'aveuglement politique?

Je ne sais pas. Je crois qu'ils ont entre eux et dans les partis, des compromis. Le Président parle beaucoup des Etats Unis, des liens entre le PRI et le narco. Mais le PAN et le PRD sont pareils. Et il n'y a pas de volonté d'chatiments exemplaires prévus.

Que faire alors pour le Mouvement?

Faire pression pour une transformation de l'Etat et des partis. Pour qu'ils fassent le ménage et retrouvent de la force. De notre côté travailler horizontalement à nous renforcer, à nous relier les uns aux autres, entre voisins dans les quartiers. Faire des assemblées  "constituantes" et "reconstituantes". Pour nous protéger mutuellement. Ce que nous empêche ou permet pas de faire le pouvoir politique.

A-til pensé à vous engager dans une charge politique.

Non pas dans le sens traditionnel où on entend partis et politique. Nous inclinons vers la vie citoyenne. La vie de la Cité (Polis) comme vie citoyenne. Personnellement je suis critique envers les institutions et les structures bureaucratiques. Bien que certains puissent y aller. C'est important pour rénover l'Etat. Il n'y a pas de postulant au pouvoir dans le Mouvement et s'il y en a ce sera indépendemment.

Il y a une proximité entre votre conception et celle des zapatistes de l'Autre Campagne et EZLN.

Oui je rejoins beaucoup cette critique et certaine posture zapatiste, plus que de l'Autre Campagne. Je crois que les zapatistes au niveaux de zones agraires et des villages sont un grand exemple de la manière dont on peut tisser le lien social. Et de protéger la vie humaine selon l' histoire et l'existence de ces villages. Il faudrait adapter repenser et appliquer à d'autres contextes de villes et de quartiers.

On pourrait créer des "caracols de cité" qui apportent ce que l'Etat ne donne pas?

Oui ce serait intéressant. Evidemment c'est une chose en gestation. L'Etat-Nation comme il est conçu historiquement est en crise. Au Mexique et dans le monde. Il ne fonctionne plus. Y compris le modèle économique. Nous assistons à leur décrépitude. Notre type de mouvement, celui des zapatistes et des Indignés vont faire émerger du nouveau. Oui quelque chose de neuf qui doit mûrir face à l'inopérance de l'Etat qui n'a pas accomplit le minimum de sécurité citoyenne.

ici comme ailleurs il convient de maintenir le statut qui tienne en respect la violence et le narcotrafic?

Oui et il a beaucoup de compromis et de corruption dans le modèle économique. On veut toujours avoir plus. Parce qu'on ne pense pas au bien commun ni à l'être humain mais à ses propres bénéfices et intérêts de groupuscules qui causent ces dommages à notre pays. La délinquance en fait partie.

Il y a aussi un intérêt des USA dans l'histoire. Surtout avec son respect pour les ventes d'armes. Et le maintient de la consommation de drogues. Il y a surtout l'argent, fondement et soutien du crime. Les entreprises et les banques qui lavent l'argent. On ne s'attaque pas à ça! Qui produit pourtant une guerre terrible dans le monde et au Mexique. Guerre au nom d'un marché qui laisse beaucoup d'argent des deux côtés de la frontière. Et la consomation de drogue ne baisse pas. C'est une des irresponsabilités de l'Etat nord américain et mexicain qui laisse tant de morts et d'engendre la peur. Et les laisserfaire est irresponsable de la part des citoyens.

Que va-t-il se passer pour le Mouvement dans l'année et l'année prochaine?

Nous ne savons pas. Je ne suis pas un homme de perspective. J'essaie de vivre ma journée pleinement. ensemble nous essayons de maintenir une éthique qui nous permette de remplir de contenu une politique fondée sur cette éthique. Généralement nous allons sous le signe de la non-violence. L'inventant chaque jour. Nous n'avons pas une feuille de route mais nous savons quelle ligne suivre.

Article de Fabrizzio Lorusso DesInformemonos:

link 

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