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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 12:43

 

 

JAVIER SICILIA vient d'être reconnu HOMME DE L’ANNEE par le magazine nord américain TIME.

 

Mais comment pourrait-il s’enorgueillir et même s’en réjouir?

Quand son engagement en apparence démesuré a pris racine dans l’assassinat de son fils, Javier Sicilia était un poète et journaliste engagé certes mais jovial et souriant.

Un bon sourire d’homme aux principes solides. Ses poèmes à la fois mystiques inscrits dans une réalité et sensualité d’homme sensible au monde et à la vie intérieure.

C’est dans ce terreau que s’est inscrit son deuil. Son cri de père s’est élargi à la dimension du Mexique, comme une onde qui a gagné les plus petits villages, touchant les parents de victimes réduits au silence faute d’être reconnus, soutenus et dédommagés par la justice de leur pays. Pire une justice qui les criminalisait eux et leurs morts ou disparus! De même pour les nombreuses associations de victimes pourtant actives.

Beaucoup sont venus à Cuernavaca pour une semaine de deuil. Pour ceux qui n’avaient pas pu venir, ils se sont sentis encouragés et ont manifesté massivement dans la capitale de leurs états. Mais ça ne suffisait pas. Sicilia et ses amis ont entrepris des caravanes jusqu’à Ciudad Juarez et au Sud à la rencontre du peuple outragé et en deuil. Caravanes de la Consolation. Ils ont rencontré aussi la présidence de la Republique et les parlementaires mexicains. Discuté la préparation de la Loi Sécurité Nationale LNS qui prévoyait de pénaliser les manifestations citoyennes. Un comble!

La loi en sommeil un temps est en ce moment en discussion.

S’est créé le Mouvement Pour la Paix La Justice et la Dignité. Communautés harcelées tant par les narcos que par les promoteurs immobiliers ou miniers -qui se confondent quelquefois- ou par la police se sont engagés dans ce mouvement plein d’espoir.

Mais ayant vu que certains parents de victimes mieux informés que la justice sur les assassinats des leurs pouvaient mettre en cause des têtes gouvernementales et réclamer des comptes précis, les pouvoirs se sont mis à regimber. Sicilia et les siens n’étaient plus ces hommes et femmes placides et douloureux, ils devenaient menaçants. Alors ont commencé à subir des attentats mortels, enlèvements, répression policière. Abandon d’assistance publique laissant place à quiconque pour supprimer les militants pacifiques. Sicilia voit tomber ceux qui sont devenus ses compagnons de lutte.

Cela ne peut que renforcer la douleur de Javier Sicilia. Car un espoir avait point. Car il en avait été à l’origine. Aussi (après d’autres prix dans l’été aux Etats Unis), quand le Times le nomme Homme de l’Année, il s’exprime sur sa désillusion et sa grande tristesse. Le Pouvoir n’a pas été capable de prendre les choses en mains sérieusement, pas capable de rendre justice, fonction régalienne de l’Etat. Il a fait semblant d’écouter et a passé outre. Entamant une nouvelle guerre sale qui protège les hommes de pouvoir et s’en prend aux Justes.

Mais il reconnaît : « Si personne ne peut s’enorgueillir de cette reconnaissance, elle aura le néanmoins le mérite d’attirer l’attention du gouvernement mexicain et des gouvernements du monde entier pour que l’injustice se corrige partout. »

Pour Time Javier Sicilia par son sérieux, son souci de tous et son dialogue avec les gouvernants, est « la figure emblématique des Indignés du monde. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.proceso.com.mx/?p=291246

 

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